Actu.fr 26/04/2022
Depuis quatre ans, c'est la valse des panneaux. La limitation de vitesse sur les routes secondaires est tantôt à 80, tantôt à 90 km/h. Sans logique claire. Explications.
La limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes départementales est un sujet sensible depuis quatre ans. Le rétropédalage de l’Etat puis la délégation de la « patate chaude » aux Départements n’ont fait que complexifier la mesure.
En 2018, pour tenter de réduire la forte mortalité enregistrée sur le réseau routier secondaire, le gouvernement décidait d’abaisser la vitesse de 90 à 80 km/h sur 400 000 kilomètres de routes sans séparateur central, et plus particulièrement sur les routes départementales.
Oui mais voilà, fin 2019, après une vague de contestation portée par les « gilets jaunes » et soutenue par nombre d’élus locaux, l’Etat faisait volte-face et laissait finalement la liberté aux Conseils départementaux de décider eux-mêmes, en accord avec leurs comités locaux de Sécurité routière, du retour ou non, aux 90 km/h sur certaines routes ou sur certains tronçons estimés plus ou moins accidentogènes.
Résultat, un tiers des 101 Départements avait alors choisi de ressortir de leurs ateliers techniques les panneaux « 90 km/h », au moins sur une partie de leurs réseaux routiers respectifs.
Une limitation à deux vitesses
Sauf que ce revirement n’a pas permis d’y voir plus clair, bien au contraire… La disparité des vitesses autorisées, parfois au sein d’un même département, n’a fait qu’alimenter davantage la polémique.
La plupart des automobilistes se disent mécontents, ou a minima dans le flou, ne sachant plus véritablement la bonne allure à maintenir pour rouler en toute sécurité et pour éviter le flash des radars.
Entre 80 et 90 km/h, l’incompréhension persiste donc et le consensus ne semble pas pour demain si l’on en croît les dernières annonces formulées localement.
Début avril 2022 par exemple, le tribunal administratif de Montpellier a annulé une décision du Conseil départemental de l’Hérault pourtant effective depuis deux ans. Les juges, à la suite d’un recours formulé par la Ligue contre la violence routière, ont en effet ordonné le retour du 80 km/h sur les 345 kilomètres de routes où le 90 km/h avait de nouveau été autorisé en 2020.1
A contrario, dans l’Isère, les élus territoriaux viennent de voter le retour aux 90 km/h sur 165 kilomètres de routes… Faute de volonté gouvernementale et de consensus national, cette limitation de la vitesse tantôt à 80, tantôt à 90 km/h, demeure bien difficile à faire accepter.
Selon l’association « 40 millions d’automobilistes », qui se base sur les résultats d’une consultation en ligne organisée à la veille de l’élection présidentielle, 9 Français sur 10 seraient favorables au retour des 90 km/h sur l’ensemble des routes secondaires